Un salarié peut-il refuser de serrer la main de ses collègues féminines en raison de ses convictions philosophiques, religieuses ou même politiques ?

À mon avis, la réponse est clairement non.

La loi du 10 mai 2007 visant à combattre la discrimination entre femmes et hommes interdit toute discrimination directe de ce type dans le cadre de la relation de travail, à moins qu'une telle distinction ne repose sur une exigence professionnelle essentielle et déterminante.

Discriminer les femmes en raison de leur genre est aussi grave que traiter une personne différemment en raison de caractéristiques ethniques ou raciales. En d'autres termes, le sexisme est aussi grave que le racisme.

Les arguments relatifs à des motifs personnels, en particulier des convictions philosophiques ou religieuses, voire l'invocation d'une forme de « respect » (éviter toute « désir » ou « pensée déplacée »), ne peuvent pas justifier un tel comportement – tout comme ce ne serait pas le cas pour le racisme. Il est, en ce sens, une constatation remarquable (et triste) qu'il existe plus de tolérance pour le sexisme que pour le racisme.

Il faut également prendre conscience que l'acceptation d'un tel refus implique en réalité l'acceptation du refus de regarder une femme dans les yeux. De plus, cela implique le refus de lui parler, de répondre à ses instructions ou de suivre ses ordres.

Pour certains, tout cela pourrait sembler de la science-fiction. Pourtant, certaines entreprises en Belgique sont déjà confrontées à ce phénomène.

Les entreprises et les employés doivent être conscients qu'en plus des règles nécessaires pour vivre ensemble en groupe, il existe des lois qui doivent être respectées et que, notamment, tout comportement discriminatoire envers les femmes n'est pas autorisé et peut constituer une raison sérieuse, indépendamment de possibles sanctions pénales (par exemple, pour harcèlement).

Dans ce cadre, il serait sans aucun doute également utile d'implémenter une politique stricte de neutralité sur le lieu de travail, interdisant tous les signes (au moins extérieurs) de convictions religieuses, philosophiques ou politiques.